FÊTES ÉTUDIANTES
Le quartier latin lillois devient vite un espace urbain spécifique où se concentre une population jeune et remuante qui possède ses activités quotidiennes, ses loisirs et ses fêtes rituelles. Leur installation dans le quartier latin n'empêche pas, bien évidemment, des incursions fréquentes dans le centre ville. Cette présence n'est pas toujours appréciée par une partie de la population qui se méfie des chahuts. Il faut dire qu'entre 1887 et 1914, les rituels festifs sont encore particulièrement dynamiques. Chaque année, la rentrée des facultés, en novembre, donne lieu à de joyeuses fêtes, à des monômes bruyants qui parcourent la ville en chantant et en conspuant les bourgeois et les cocus qui sont au balcon.
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Les fêtes rituelles sont parfois accompagnées de cérémonies plus exceptionnelles. Les inaugurations officielles de bâtiments, la tenue de congrès étudiants sont autant d'occasions de faire la fête.
En 1907 par exemple, de grandes fêtes sont organisées à Lille du 3 au 6 mai.
On inaugure la maison des étudiants, la bibliothèque de l'université, le lycée de jeunes filles et le musée houiller.
Les 3 et 4 mai sont des fêtes purement étudiantes où les lillois accueillent chaleureusement leurs camarades français et étrangers.
Les 5 et 6 mai sont les journées réservées aux officiels. M. Bayet et M. Liard se sont déplacés, accompagnés par la plupart des autorités de la ville et du département.
On clôture la journée par un banquet et une soirée au théâtre. Le lendemain, un voyage est organisé à Dunkerque avec une sortie en mer, un concert et une promenade à Malo-les-bains.
L'augmentation des effectifs entraîne une densification de la présence étudiante à Lille. Les périodes de vacances scolaires sont calmes et mornes puis la rentrée voit réapparaître le bruit et l'agitation de la jeunesse. Le doublement des étudiants de l'État entre 1887 et 1914 oblige à une extension périphérique des zones de résidence étudiante, tous ne pouvant pas loger à proximité des facultés. Cette arrivée massive d'étudiant est , bien sûr, fêtée par les commerçants, restaurateurs, cafetiers et propriétaires de logements locatifs. Il est primordial d'attirer les étudiants dans son commerce et de leur plaire. Il faut créer une ambiance, un climat favorable, ne pas être trop strict et adopter leurs modes. La vie étudiante, faite d'insouciance et de plaisir, n'exclut ni le travail universitaire ni une conscience généreuse qui se manifeste assez spontanément lors des grandes catastrophes nationales ou locales. En mars 1906, après la catastrophe de Courrières, l'université de Lille lance immédiatement une souscription pour les sinistrés. En 1890, l'Union lance la pratique des fêtes de l'arbre de Noël. Il s'agit au départ de récolter des fonds pour les sinistrés de Fort de France et de Saint Étienne. Ils recueillent ainsi près de 15 000 francs. Ils ont alors l'idée de continuer l'opération chaque hiver afin d'organiser une fête de Noël pour les enfants les plus pauvres de Lille.