DOUAI : LE TRANSFERT
Dans le même temps, Lille obtient la création d’une faculté des Sciences, implantée au cœur de la métropole industrielle. Désormais, les deux cités se retrouvent concurrentes et échafaudent des stratagèmes pour détruire les arguments de l’adversaire, constamment accusé d’avoir de coupables intentions. Le conflit se focalise sur l’éventuel retour d’une faculté de Droit dans la région. Les douaisiens multiplient les lettres et les pétitions pour emporter la décision. En 1858, Napoléon III est contacté personnellement mais sans succès. En 1864, l’adjoint au maire de Douai, Delaby, envoie à l’Empereur un long mémoire en faveur de l’installation locale de la faculté. Après de multiples démarches, le décret du 28 avril 1865 rétablit la faculté de Droit à Douai.
En 1875, Lille obtient la transformation de son école préparatoire de médecine en faculté, donnant ainsi à la ville son second pôle universitaire. La loi du 27 juillet 1875 autorise la création d’universités libres et c’est à Lille qu’apparaît très vite un foyer universitaire catholique dynamique. Le quartier Vauban devient un vaste chantier où se multiplient les constructions pour une université catholique qui concentre, dès le départ, l’ensemble des facultés dans la métropole. Dès lors, les partisans d’un regroupement lillois des quatre facultés de l’État ont un nouvel argument en leur faveur.
En 1886, des étudiants des facultés douaisiennes adressent une pétition au maire de Lille et au ministre pour réclamer le transfert, se plaignant du manque de moyens dans les facultés de Douai. À Douai, on crie au coup monté et la municipalité lilloise est accusée d’avoir organisé l’entreprise. Le 12 mars 1887 cependant, un grand pas est franchi qui annonce le triomphe lillois. Une convention est signée entre Louis Liard, directeur de l’enseignement supérieur et Géry Legrand, maire de Lille. La ville s’engage à construire divers bâtiments universitaires, à loger le rectorat et à subventionner les facultés. À Douai, la colère gronde ; le maire diffuse des affiches dans la ville qui appellent au calme. Une délégation part à paris rencontrer le président de la République. Mais il est trop tard. Le projet de décret est déposé le 26 mars 1887. Le transfert est effectif sans délai et doit se faire au plus vite afin que la rentrée de novembre 1887 puisse se réaliser dans les meilleures conditions possibles.