BIOGRAPHIES DES FIGURES EMBLÉMATIQUES DE L'UNIVERSITÉ
DEMANGEON ALBERT
Professeur de géographie (1872-1940)
ÉTUDES
Lycée d’Évreux ; lycée Sainte- Barbe ; lycée Louis-le-Grand ; bachelier ès lettres ; admis à l’École normale supérieure en 1892 ; scolarité à l’École normale supérieure (1892-1895) ; licence ès lettres (1893) ; agrégation d’histoire-géographie en 1895 ; service militaire en 1895-1896 ; docteur ès lettres en Sorbonne le 22 mars 1905.
PARCOURS PROFESSIONNEL
Professeur aux lycées de Saint-Quentin (1896-1898), de Reims (1898-1899), d’Amiens (1899-1900) ; maître surveillant à l’École normale supérieure (1900-1904) ; chargé de cours à la faculté des lettres de Lille (1904) ; professeur adjoint de géographie à la faculté des lettres de Lille (27 décembre 1906) ; professeur titulaire de la chaire de géographie à la faculté des lettres de Lille (13 mai 1908) ; maître de conférences de géographie à la Sorbonne (30 novembre 1911) ; professeur-adjoint (4 décembre 1920) ; professeur sans chaire (1921) ; professeur de géographie économique à la faculté des lettres de Paris (chaire créée le 12 décembre 1925).
Donne des cours à l’École normale supérieure de Sèvres et à Saint-Cloud-Fontenay ; membre du Comité consultatif de l’enseignement supérieur ; co-directeur des Annales de géographie ; directeur de la section géographie chez Armand Colin.
PRINCIPAUX OUVRAGES
La Picardie et les régions voisines : Artois, Cambrésis, Beauvaisis (thèse, 1905) ; Les sources de la géographie de la France aux archives nationales (thèse complémentaire très originale, 1905) ; Dictionnaire de géographie (1907) ; Le déclin de l’Europe (1920) ; L’empire britannique : Étude de géographie coloniale (1923) ; Les Îles britanniques (t. 1 de la Géographie Universelle, 1927) ; Belgique, Pays-Bas et Luxembourg (t. 2 de la Géographie Universelle, 1927) ; Paris, la ville et sa banlieue (1933) ; Le Rhin avec Lucien Febvre (1935) ; Les maisons des Hommes (1937). De très nombreux articles dans les revues spécialisées en particulier dans les Annales de géographie (26 articles dans cette revue entre 1905 et 1935).
REMARQUES COMPLÉMENTAIRES
Il est l’un des grands représentants de l’École française de géographie qui se développe autour du maître qu’est Paul Vidal de la Blache. La rupture est consommée avec « la géographie de cabinet et la géographie historique traditionnelle » (Paul Claval, Histoire de la géographie française de 1870 à nos jours, Paris, Nathan, 1998, p. 120) ; il faut désormais réaliser un imposant travail de terrain en s’enracinant dans une recherche régionale ; la thèse se transforme en une très volumineuse monographie régionale. « La thèse de Demangeon, soutenue en 1906, est celle qui a été la plus appréciée au moment de sa parution [...]. Demangeon est un grand travailleur, soucieux de méthode mais il ne laisse pas apparaître de grande inquiétude épistémologique dans la plupart de ses travaux [...]. Il est assez proche des durkheimiens, qui l’épargnent dans leurs attaques, et s’intéresse, un peu comme Vidal de La Blache à la fin de sa carrière, aux problèmes de la société urbanisée et industrialisée de son temps ; il connaît bien les problèmes du monde rural mais ses analyses les plus originales portent sans doute sur la vie économique ou les problèmes politiques » (P. Claval, op. cit., p. 141-142).
Demangeon combat constamment pour une rénovation des études géographiques dans les facultés avec l’apparition d’une licence et d’une agrégation spécialisées qui soient distinctes des études d’histoire ; il est aussi l’un des pionniers de la géographie humaine au sein de l’université ; « l’animateur des études de géographie humaine et économique » (Annales de l’université de Paris, 1940, p. 280). Dans l’entre-deux-guerres, il exerce un « véritable magistère moral sur la géographie humaine » (Idem, p. 175).
Catholique, partisan du Cartel des Gauches, il évolua vers la Droite (informations fournies dans la notice de Christophe Charle).