Sébastien LANDRIEUX
Doctorant

Doctorant(e) au laboratoire :
Institut de Recherches Historiques du Septentrion

Domaines de recherche :
- Histoire du genre, Histoire des sexualités, Histoire des homosexualités
- Histoire des modalités de contrôle sociaux, Histoire de la psychiatrie, Histoire de la justice
- Histoire quantitative et prosopographie

 

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Des modalités de l’oppression aux modes de résilience : Contribution à une histoire des homosexualités dans le Nord (1890-1985) - sous la direction de Stéphane Michonneau et Florence Tamagne

Résumé : Le 4 mai 1898, le conseil municipal de Lille vote l’installation d’un urinoir place des Buisses. Cet urinoir disparait dans les années 1980 dans le cadre de mesures de prophylaxie sanitaire et surtout morale. Entre ces deux dates, cette vespasienne était en effet devenue un des hauts lieux lillois de la drague homosexuelle. Les individus qui l’ont fréquenté ont connus un siècle d’oppressions diverses, auxquelles ils ont réagi différemment. Mes travaux de mastère 1, ayant pour objet l’homosexualité masculine au XIXe siècle à l’échelle du Nord, m’ont en effet permis d’analyser les modalités de répression judiciaires à la Belle Epoque, mais également de définir les contours de sociabilités discrètes, propres aux populations homosexuelles, ainsi que les spécificités du discours médiatique autour des questions de mœurs. Mes travaux de mastère 2 m’ont invité à poursuivre mes investigations en déplaçant mes bornes chronologiques sur la Belle Epoque et l’entre-deux-guerres, à interroger la question du lesbianisme et à tester une première approche prosopographique de la population homosexuelle. En effet, faute d’avoir accès aux sources policières généralement mobilisées par les historiens de l’homosexualité, mon attention s’était reportée sur les sources judiciaires qui, par leur sérialité, se prêtaient particulièrement à une approche quantitative. Ces approches me permettaient alors d’analyser l’émergence de la question de l’homosexualité au sein d’un certain nombre de structures, en particulier les centres de rééducation morale de la jeunesse et l’univers asilaire, structures qui resserraient alors leur l’étau autour de populations jugées déviantes et dangereuse pour la jeunesse. Ces travaux faisaient également émerger un certain nombre d’établissements, cabarets ou maisons closes, visibilisant l’homosexualité au sein de la cité et permettant l’élaboration d’un socle identitaire homosexuel. Les recherches menées en mastère faisaient également, via la prosopographie, émerger des parcours de vies, plus ou moins singuliers, révélant des modes de résiliences spécifiques. C’est la révélation de ce corpus de presque 900 individus dans mes travaux de mastère qui me permet aujourd’hui de proposer un tout nouvel angle d’écriture de l’histoire de l’homosexualité : celle qui, en regard d’une analyse des modes d’oppressions institués et étatiques, rend sa parole à l’oppressé invisibilisé en le positionnant comme acteur de sa propre résilience et comme moteur des résistances collectives.  
Mon projet de thèse s’inscrit donc dans la continuité de mes travaux de mastère en ouvrant mes bornes chronologiques à l’après-guerre et en m’arrêtant avec l’émergence du VIH au milieu des années 1980. Le choix du temps long permettra également de repenser la chronologie des histoires homosexuelles, en analysant les mêmes phénomènes sur la base de mêmes corpus de sources et de mêmes méthodologies. Travailler sur un siècle d’histoire de l’homosexualité, tant par ses modalités d’oppression que par ses modes de résilience, peut paraitre ambitieux mais sont rendus possibles par le choix de travailler sur un territoire restreint, le Nord. Le choix de ce territoire n’est pas anodin. En effet, sans pour autant être révélatrice de la situation de l’homosexualité en province, une approche nordiste permettra d’interroger le caractère d’exemplarité d’une historiographie strictement parisienne de l’homosexualité française. En effet, la diversité des paysages nordistes autorise approche comparative entre des territoires industrialisés et fortement urbanisés, maritimes, ruraux ou miniers. Celle-ci permet également d’interroger les jeux d’échelle, de questionner les dynamiques impliquées par la proximité de la Belgique et d’appréhender la place de Lille au sein d’un réseau de transfert d’idées et d’individus à l’échelle européenne, entre Londres, Bruxelles et Paris. De la même manière, le fait de travailler sur un siècle d’histoire des homosexualités permettra d’apporter des éléments de réponse concernant un certain nombre de questionnements centraux mais ne se limitant actuellement qu’à de simples hypothèses de travail scientifiques : la vie cachée des homosexuel•le•s à la Belle Époque, l’impact des « amitiés de tranchée » sur les comportements sexuels de l’entre-deux-guerres, l’éventuelle déportation des homosexuel•le•s nordistes pendant la Seconde Guerre mondiale, la pratique dans le champ psychiatrique de modalités de soin comme l’électrochoc ou la lobotomie, l’effectivité des répercussions répressives des premiers textes discriminatoires dans la loi française (« Loi du 6 aout 1942 » et « Amendement “Mirguet” » du 18 juillet 1960), le développement des identités homosexuel•le•s par le biais du discours médiatique et culturel, ainsi que l’émergence dans le Nord d’un univers associatif structuré et militant. Ces éléments, considérés généralement comme acquis par une historiographie militante, nécessitent en effet d’être infirmées ou validées par une approche scientifique rigoureuse. Dans le cadre de la thèse, il conviendra donc de développer l’outil prosopographique mis en place en mastère, de l’ouvrir à une approche socio-historique et d’interroger davantage les concepts de domination et de genre. Il conviendra également de tenter d’analyser la prosopographie à l’aune d’une approche critique des concepts de genre et d’invariant sexuel.

 

    • - Histoire des homosexualités
      Histoires des subcultures et des contre-cultures
      Histoires de territoires de rencontre et de sociabilisation homosexuels
      Parcours de vies homosexuels
      Histoire de la prostitution et de la pornographie homosexuelle

      - Histoire des modalités de contrôles sociaux
      Histoire des représentations médiatiques et culturelles de l’homosexualité
      Histoire de la psychiatrisation et de la médicalisation des pratiques sexuelles « déviantes »
      Histoire des modes de répressions policières
      Histoire des pratiques judiciaires

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2017
- « Écrire l’histoire d’une communauté cachée : l’homosexualité masculine dans le Nord de la France (18901940) », Journée d’étude de l’Association des jeunes chercheurs en histoire, Université de Lille SHS, 19 mai 2017
- « “L’Affaire de la rue Lepelletier” : un scandale de mœurs homosexuel lillois en 1913 », IIIème colloque des étudiants de master en Sciences Historiques et artistiques, Université de Lille SHS, 17 mai 2017 (en cours de publication)

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2017
- Mise en place du circuit d’une « Visite guidée du Lille LGBT disparu »
-  « Les territoires de l’homophobie dans le Nord (1890-1940) », conférence organisée par Liberté, Bibliothèque universitaire de l’Université de Lille SHS, 20 novembre 2017
- « Contribution à une histoire de l’homosexualité en milieu carcéral : le cas des prisons du Nord au XIXe siècle », conférence organisée par SOS homophobie, Maisons de associations de Lille, 5 avril 2017

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  • Parcours professionnel
    2013-2018 : Conseil en Gestion de Patrimoine Artistique, Consultant à Lille
    2008 - 2013 : Advantage Groupe, Chargé de Développement de Programmes
    2004 - 2008 : Conseil en Gestion de Patrimoine Artistique, Consultant à Paris
    2003-2004 : Chargé de communication événementiel

    Formation
    2016-2018 : Mastère 2 d’Histoire – Recherche, Université de Lille – Mémoire : Contribution à une histoire des homosexualités dans le Nord (1890-1940)
    2015-2016 : Mastère 1 d’Histoire – Recherche, Université Lille 3, 2015-2016 - Mémoire : Contribution à une histoire de l’homosexualité masculine dans le Nord au XIXe siècle
    2002-2003 : Mastère 2 de Management des Développements des Entreprises Culturelles, EAC Paris (Institut Supérieur d’Économie, d’Art et de Communication)
    2001-2002 : Mastère 1 d’Histoire Ancienne, Université Lille 3 - Mémoire : La nécropole princière de Tillia-Tépé (Afghanistan) : entre tradition nomade, iranisme et hellénisme. Erasmus (2000-2001) à la Freie Universität Berlin (Allemagne).