Populations et pollutions industrielles dans l’espace transfrontalier, France du Nord-Belgique XIX-XXe siècle - sous la direction de Béatrice Touchelay et Isabelle Parmentier

Résumé : La pollution industrielle accompagne la puissante industrialisation, puis la désindustrialisation, des territoires de la frontière franco-belge depuis plus de deux siècles, mais les différences nationales de perception de ce phénomène sont notables et la construction de ce qui est aujourd’hui considéré comme un problème public a été progressive. Dans cette thèse nous proposons d’effectuer un travail de monographies historiques afin de retracer les grandes dynamiques à l’œuvre dans la constitution des pollutions industrielles comme des problèmes publics manifestes.
Largement ouverte au dialogue entre les disciplines académiques, qu’il s’agisse des sciences humaines et sociales et des sciences dites « dures », attentive aux idées et aux pratiques de la société civile lorsqu’elle réagit aux nuisances industrielles et intégrée dans les réseaux historiens francophones spécialisés dans l’étude des pollutions (le Réseau universitaire de chercheurs en histoire environnementale -le RUCHE- et le Pôle d’histoire et de sociologie environnementales de l’université de Namur -PolleN), cette thèse entend éclairer le passé industriel régional à partir des fonds d’archives belges et français et de la documentation existante pour préciser les conditions du passage à une société fondée sur le développement durable.
Elle vise aussi à mieux comprendre le processus de la définition de l’expertise scientifique et de ses enjeux et à étudier les transformations de ses rapports aux populations, la façon dont ces dernières se l’approprient ou s’en démarquent, et plus largement les transformations des rapports entre le monde des savants et celui des politiques. Le projet est conçu comme un « doctorat citoyen » contribuant à préparer un avenir soutenable, porté par les Hauts de France et soutenu par le Learning center dont elle entend élargir le réseau. Il vise à inscrire les Hauts de France parmi les foyers de la recherche en histoire environnementale et à établir des collaborations solides avec ses pionniers (François Jarrige U Bourgogne, Thomas Le Roux et Geneviève Massard-Guilbaud EHESS Paris, Xavier Daumalin Aix Marseille université). Dans cette optique l'objet d'étude que nous avons délimité lors de cette première année de travail se concentre sur les pollutions industrielles et domestiques présentes dans les rivières transfrontalières. Ces rivières présentent comme point commun de toutes s'écouler de la France vers la Belgique (à l'exception de la Hayne). Cette situation implique logiquement un désequilibre dans la prise en compte de la pollution par les deux états et par leur population puisque toute pollution frontalière se retrouve rapidement sur le territoire belge. À travers un travail d'archive nous avons tenté de percevoir cette prise en compte par les institutions communes mises en place par les deux pays. Nous avons ainsi étudié les archives de la commission mixte Sambre Espierre Escaut établie dans les années 60. Ce travail nous a permis de comprendre les enjeux politiques et économiques aussi bien de la pollution que des efforts de dépollutions. Nous souhaitons continuer ce travail en multipliant les sources à travers l'étude d'archives diverses des deux côtés de la frontière et en interrogeant des acteurs locaux de la lutte contre les pollutions des rivières.