Pons de Verdun (1759-1844) : un juriste et poète en Révolution, sous la direction d'Hervé Leuwers

Résumé : La thèse se propose d’étudier l’itinéraire singulier du juriste et poète Philippe-Laurent Pons (1759-1844) dit Pons de Verdun depuis la seconde moitié du 18e siècle jusqu’à celle du siècle suivant, d’une monarchie à l’autre, période ponctuée de l’avènement de la Première République et du Premier Empire. Controversé, méconnu ou délaissé des historiens, pour des raisons qu’il importera d’élucider, Pons de Verdun appartient au patrimoine national culturel comme auteur de poésies fugitives familier des lieux de sociabilité artistique, au contact d’intellectuels comme Andrieux, Colin d’Harleville, Rétif de la Bretonne et Grimod de la Reynière, avant que n’éclate la Révolution. Parallèlement à ses prolifiques « loisirs » poétiques qui lui valurent le surnom de « providence de l’Almanach des Muses » et de « Martial français », Pons de Verdun s’illustra dans un parcours de juriste comme avocat au Parlement de Paris, puis magistrat élu dans les institutions révolutionnaires. Investi dans le processus électoral, tant au plan national que local, Pons de Verdun accéda aux assemblées parlementaires comme député du département de la Meuse, quelques jours à peine après la prise de sa ville natale par l’armée prussienne. À la Convention nationale puis au Conseil des Cinq-Cents, il prit une part active et remarquée aux travaux législatifs à la tribune et surtout dans les comités et commissions sur la législation civile, foncière, et judiciaire par ses nombreux rapports adoptant des positions progressistes et modernes par exemple en faveur des femmes enceintes condamnées à la peine capitale, de l’égalité des partages successoraux, de celle des époux dans l’administration de la communauté, du droit d’agir en recherche de paternité pour les enfants naturels (qui ne sera ouvert qu’en 1902), ou bien encore en proposant l’élaboration d’un grand livre des propriétés territoriales préfigurant le cadastre (qui ne verra le jour qu’en 1802).
En lien avec les recherches de l’ANR-ACTAPOL sur les Conventionnels, la thèse se propose d’analyser le parcours de Pons de Verdun comme acteur de la Révolution et son ascension vers la scène publique et politique, les actions et travaux d’un personnage composite à travers ses différentes facettes qui tiennent à sa double culture juridique et littéraire en s’intéressant aux liens entre littérature et politique. En examinant l’articulation et l’expression de cultures relevant de champs visiblement différents, leur place dans l’engagement public de Pons de Verdun à travers ses productions souvent protéiformes (interventions orales ou écrites, rapports législatifs ou rapports sur les pétitions individuelles, motions, correspondances…), la thèse envisage de traiter de manière inédite, compte tenu de l’absence de véritables travaux scientifiques à ce jour, la trajectoire singulière et la contribution d’un juriste à la construction d’un nouveau système juridique. Notre thèse s’attachera également à rechercher dans quelles mesures l’exercice des fonctions législatives a joué une part sur les productions artistiques de Pons de Verdun, y compris dans les opinions portées, tant de son vivant qu’après sa mort, sur les unes et sur les autres. Cette recherche ira jusqu’à l’exil bruxellois de Pons de Verdun au milieu des autres proscrits régicides et au-delà, en se penchant sur les regards qu’ont porté sur lui ses contemporains de tout milieu (littéraire, politique, juridique, journalistique) et ce que la postérité a retenu de ce personnage, en revenant sur les controverses qui l’ont entouré pour pouvoir en évaluer la pertinence. Des rapprochements utiles avec d’autres personnages historiques permettront de montrer des similitudes ou au contraire des asymétries pour pouvoir cerner avec précision le type de juriste et de poète qu’est Pons de Verdun.